04 avril 2008

Le rêve du manuscrit

Je vais passer quelques jours chez un ami écrivain et sa copine. Il insiste pour lire les quelques pages d’un roman que j’ai commencé à écrire, sur un flic confronté à des disparitions d’origine extra-terrestre, dans le New-York des années 50. On est dans sa chambre. Il annote mon manuscrit ; il trouve le début très bon, mais le reste vraiment nul. Il me dit, un peu gêné, que je perds mon temps avec l’écriture, que je n’ai pas le talent pour. De rage, incapable de parler, je m’empare de son stylo et j’écris sur la première page : TU M’AS DIT QUE JE N’AI AUCUN AVENIR FILS DE PUTE. Je vais dans le salon rassembler mes affaires. J’entends sa copine qui lui dit de ne pas s’en faire, que je suis un pauvre type.

Al'
rêveur

02 avril 2008

Le rêve de la princesse solitaire

Je suis vêtu comme au XVIIIe siècle, et un valet m’accompagne. Pourtant je dispose d’un appareil photo numérique. Je loge dans un château, vide à l’exception d’une belle et jeune princesse, la maîtresse des lieux. Peut-être a-t-elle des domestiques, mais il fait nuit. Dans la journée, je me suis promené à cheval dans la campagne. J’ai pris des photos d’arbres. L’appareil que j’utilise a le pouvoir de révéler les formes latentes dans l’écorce : elfes repliés en position fœtale, aux vastes ailes diaphanes ; corps surpris dans leur dernier instant, figés par les cendres d’une explosion volcanique, et que la brise effrite… Je me glisse dans la chambre de la princesse pour voler une photo d’elle dans son sommeil. Elle se réveille brusquement. Elle me demande de lui montrer les photos. Je mets l’appareil en mode diaporama. Les photos se succèdent très vite, comme un petit film d’animation stroboscopique. Puis en riant elle va chercher mon sexe, le sort, et entreprend de le couper avec un cutter, par petits coups. Curieusement, le sang ne gicle pas. Juste une coupure rouge bien nette. A mi-chemin je prends conscience de la situation et je lui dis d’arrêter. Je quitte le château en courant. Vu de l’extérieur, le château ressemble à celui de ma famille. Je traverse en battant des bras le pré en contrebas; la nuit m’engloutit.

Al'
rêveur

le rêve du chat

Encore un rêve de téléportation. Je me réveille un peu avant l’aube, paniqué car je n’y vois rien : panne de courant. La chambre, dans mon appartement, et ma chambre, chez mes parents, se confondent : je sais que je suis dans mon appartement seulement parce qu’il y a mon chat qui dort contre mes jambes. Il y a, sur ma gauche, un élément de ma chambre d’adolescent : un combiné radio-cassettes-CD posé sur un tabouret. J’entends des bruits, et la télé, très étouffée, en provenance de la cuisine, chez mes parents, comme à chaque fois qu’ils se lèvent. Je voudrais prendre le petit-déjeuner avec eux. Je me lève, le chat me suit. Je porte un pyjama. Dès que je passe la porte, je suis dans le couloir, chez mes parents. Je suis guidé par la lumière en provenance de leur chambre et de la cuisine. Ils échappent forcément à la panne de courant de mon appartement. Mon père est dans la cuisine, quant à ma mère elle est encore en train de se lever. Je vais la voir. Elle est ravie de cette surprise, elle me demande comment j’ai fait pour venir dans la nuit sans les prévenir. Je lui explique, je lui montre le chat occupé à tout sentir, en lui disant que c’est mon élément de repère, mon attache, qu’il me permettra de rentrer chez moi (dans le rêve, je pense au mot « clef »). Je ne suis qu’à moitié réel. Puisque la porte de ma chambre fait sas de téléportation, ma mère se dit que je repartirais bien avec quelques meubles qu’elle gardait pour me les donner. Dans une sorte de frénésie, devant la porte, elle empile tables basses et commodes, comme si elles n’avaient pas de poids. De beaux meubles Art-Déco, c’est dommage que je n’aie pas de place dans mon appartement. Puis je prends le chat dans mes bras, et je rentre en réintégrant une sorte de moi spectral resté figé un peu après la porte.

Al'
rêveur

Le rêve du goulag

C’est le début du printemps, en Sibérie, dans les années 30. Il gèle encore le matin. Un cinéaste et sa femme ont été enfermés par les forces de progrès dans un camp de travail, sur ordre direct de Staline. Le camp est un grand bâtiment dont on restaure les murs de briques. Le cinéaste est grand, très maigre et affaibli, ses yeux trahissent une nostalgie abyssale. Une cigarette tordue dépasse de son écharpe. Sa femme est belle en dépit de ses yeux cernés, de magnifiques boucles blondes s’échappent de l’espace entre le col de son trench coat et son béret. Le couple erre dans la cave en compagnie d’autres prisonniers politiques. Ils attendent leur exécution. On appelle le cinéaste, pour qu’il monte. On lui laisse écrire une dernière lettre à sa femme, sur un pupitre d’écolier. Il la laisse blanche, se contente de signer. Un ouvrier lui demande de venir l’aider sur une plate-forme, en haut d’un mur. Il pousse un soupir, ce n’était que pour accomplir une corvée, finalement. Arrivé en haut, l’ouvrier le pousse. Au sol, un groupe se forme pour l’achever à coup de marteau. Une tristesse infinie s’abat sur l’ouvrier chargé de l’exécution. Il ne contrôle plus ses larmes. Le directeur du goulag est gêné, car l’opération devait rester discrète. Il envoie l’ouvrier à la cave.

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rêveur

Le rêve du grenier

Une variante d’un rêve que j’ai déjà fait plusieurs fois. J’habite un appartement différend. Il n’a rien de particulier, c’est juste un autre appartement. J’ai faim. J’ouvre plusieurs plats tout prêts, bien au-delà de mes besoins, j’en laisse les trois-quarts dans une assiette, au frigo. Quelqu’un frappe à ma porte. C’est ma grand-mère. Je passe le seuil et instantanément, je suis dans sa maison. La porte du grenier et celle de mon appartement se confondent. Dans la vaste cuisine, baignée de la lumière d’un jour de printemps, il y a ma mère et deux de mes tantes. Elles sont contentes de me voir, mais s’étonnent de ma venue à l’improviste. Je suis venu par téléportation. Je ne reste pas. Je n’ai de toute façon pas pris mes affaires. On discute un moment. Le soir arrive. Il me faut repartir. Si le coup du grenier ne marche plus, je suis bon pour prendre le train. Mes craintes se confirment. Je monte dans le grenier. Il occupe l’intégralité de l’étage, abandonné depuis longtemps. C’est la caverne d’Ali Baba de mon enfance ; labyrinthique, poussiéreuse, riche d’un passé mystérieux. Apparemment, des touristes y logent. Près de l’escalier, un couple s’affronte à l’escrime, à l’aide de poutres. Il les manipule avec grâce, comme si elles n’avaient pas de poids. Je m’assoupis en regardant le duel. Je me réveille dans l’appartement du début du rêve.

Al'
rêveur

le rêve

j'ai rêvé que j'étais vieux

laurent herrou
écrivain