30 janvier 2009

Le rêve des moulages en béton

Je me promène avec un cousin sur la pelouse en face de la maison de mes parents. Tout à coup on butte sur un rocher à moitié dissimulé par l’herbe. Il est couvert de glyphes mayas. Plus loin c’est un obélisque égyptien, enterré sauf un coin du sommet. Ce sont des moulages en béton. Je suis touché que ma mère ait pensé à moi, qui adore me balader dans des ruines, pour la décoration des pourtours de la maison. On va dans le bois attenant. La veille, il y a eu une tempête. Des arbres se sont abattus sur le nouveau hangar. Seul le toit est endommagé. Les colonnes de béton armé, imitant le style des monuments aztèques, ont tenu le choc. A l’intérieur du hangar je retrouve ma mère et sa sœur, occupées à cimenter le sol. On leur donne un coup de main.

Al'
rêveur

27 janvier 2009

Le rêve de la statuette du Grand Cthulhu

Je suis de retour dans la chambre de mon enfance, prisonnier d’une fraction d’éternité, d’une seconde qui ne veut pas mourir. C’est une statuette –vivante- du Grand Cthulhu qui me maintient ainsi. Je fouille dans le bric-à-brac de l’étagère la plus haute du placard. Je trouve des boîtes de petits soldats en plastique représentant des guerriers aztèques, ainsi que des pyramides en lego. Par terre, je dispose une sorte de cité devant la statuette, de manière à ce que ces adorateurs miniature la satisfassent, et que le Grand Ancien me libère.

Al'
rêveur

Le rêve des lamantins

En compagnie de mes parents, je rends visite à mon frère en Afrique noire. Il fait nuit. Dans les rues bondées, devant les terrasses des cafés, les gens dansent. Mon frère me montre des latrines qui donnent directement sur le fleuve. Les utiliser est dangereux à cause des crocodiles. On va se baigner dans la mangrove. C’est un labyrinthe où s’entassent hippopotames et lamantins.

Al'
rêveur

26 janvier 2009

la malédiction

les corps étaient découverts au fur et à mesure, baignant dans leur sang comme les huîtres dans leur eau, teintée de rose par le vinaigre de framboise, le tueur se jouait de nous, il nous appâtait avec des enfants, c'était tellement facile de nous faire perdre pied avec une fillette abandonnée, un petit garçon perdu, on se rapprochait pourtant du but et autour d'une table, mère et fils (les prochaines victimes) côtoyaient les enquêteurs dont nous étions, concentrés, lucides, jusqu'à ce que le regard de l'enfant terrifié ne quitte plus ce hibou, posé sur une branche le long d'un mur, et que l'on comprenne que derrière l'oiseau, et le feuillage, une grille arrachée donnait accès à une cave sombre où nous attendait le prochain corps, dans un sac en plastique

on perdait pied, une fois de plus, aveuglé par les ténèbres et le rire du tueur, jusqu'à ce que la porte de la cave, refermée sur nous, s'ouvre grand sur la lumière du jour et que la silhouette du monstre s'échappe, on avait une piste pourtant qui menait à une maison à plusieurs étages, aux fenêtres clouées par des planches que l'on ôtait en passant d'une pièce à l'autre, invitant la lumière à dénicher le monstre, on prenait soin une première fois d'éviter la porte d'un frigidaire de boucher, on terminerait par cette pièce-là

tu avançais, prudent, je gardais un hachoir en mains, de même que le tueur se servait lui d'une serpe, double, tu te raidissais en apercevant l'enfant, elle berçait une poupée, dos à nous, et tu lâchais ta garde pour ramper sur le lit vers elle, la serpe balançait vers toi et rencontrait le hachoir avec lequel je te protégeais — le tueur sous le matelas ne reculerait devant rien, et qu'était l'épaisseur du matelas face au tranchant des lames?

on progressait dans la maison, on cherchait une fresque qui détaillait les crimes et dont le tueur s'inspirait, on finissait par ouvrir le frigidaire qui donnait sur une grande salle de bains : les marbres antiques étaient de chair congelée et quatre jeunes gens (deux garçons, deux filles) attendaient dans la pièce, nous les sauvions, pensions-nous jusqu'à ce qu'ils dégainent des cutters affûtés et se mettent en chasse, à leur tour, on était responsable, on avait ouvert la porte aux monstres

il y avait eu plus tôt la promenade en décapotable le long de cette route de montagne éclairée par la nuit, et par-dessus nos têtes, les nuages noirs prenaient des formes d'animaux mythiques et de dieux grecs, qu'une nébuleuse rosée aspirait en enflant, j'hésitais et je tendais la main, voulais-je partir avec les formes noires ou bien…? je retirais la main, je ramenais avec moi un chat épais qui tombait sur le sol en me labourant de ses griffes, il tournait vers moi un visage grimaçant et un œil de cyclope, aveugle et monstrueux, qui ne me quittait plus — ma malédiction

laurent herrou
écrivain