21 avril 2008

les gros bras

le rendez-vous était à dix heures trente mais le trajet du tramway était aberrant aussi je paniquais, lorsque je remarquais une femme qui avait un rapport avec l'école, je lui demandais mon chemin et elle me proposait de la suivre : une fois arrivé, le directeur me désignait les élèves et la méthode à utiliser, je me disais que puisque j'étais là, autant essayer mais il fallait emprunter un ascenseur particulièrement complexe — et dans sa distribution, et dans son fonctionnement — pour accéder aux salles de cours, je confiais mes affaires (dont mon ordinateur portable) à la femme du tramway bien qu'elle me le déconseillât, une fois revenu à l'étage désiré je la trouvais au bar, un verre à la main, avec un serveur très entreprenant, je lui demandais où étaient mes affaires et elle haussait les épaules, je serrais son cou de mes deux mains en lui promettant de la défigurer si jamais mon ordinateur, et toute ma littérature, étaient perdus ou volés, elle riait, ivre, sans se défendre
finalement arrivé en haut de l'escalator, je constatais que j'avançais (mal) en fauteuil roulant, les gens me bousculaient dans les couloirs de l'aéroport, ils évitaient mon regard, le handicap, je pensais, n'est pas un combat gagné, je souriais pourtant en me disant que mes bras allaient devenir plus musclés que jamais, vu les efforts nécessaires à la bonne marche du fauteuil

laurent herrou
écrivain