14 avril 2007

nina myers

nina myers dans une prison-asile, le regard bleu acier et le cheveu noir piquant, jack confisque les ciseaux sur la banque des infirmières, nina s'y dirige nonchalamment, l'arme potentielle brille, toute en pointes et en arrondis, mais sa main dépasse la banque, plonge derrière, prend un chocolat dans une boîte ouverte, qu'elle porte à sa bouche, nina myers regarde, elle me double, famille, mon père demande : la fascination du traître? je réponds que c'est naturel, quand on est l'enfant, je dis que c'est une interprétation facile sans doute, mais l'enfant trahi devient forcément le traître, la preuve : j'en suis un, je souris, nina myers assise à la table à mes côtés sourit de concert, elle se lève, nos pas se mélangent, couloirs glacés -tu me manquais


laurent herrou
écrivain

12 avril 2007

la fatalité

et vous n'avez jamais postulé avant? demandait-elle et je lui expliquais les yeux dans les yeux que je n'étais pas prêt avant, mais qu'aujourd'hui, si je venais la trouver dans son cabinet d'avocats, c'est que je savais que ce que j'avais à offrir l'intéresserait, je lui disais : je veux la direction de cette librairie, elle disait : mais alors pourquoi n'en ouvrez-vous pas une, une librairie gay? je répondais que ce n'était pas la peine, ce n'était pas de cela qu'il était question, mais de reprendre cette enseigne-là, qui sans se vouloir gay surfait sur la vague, il y avait du potentiel, j'avais des qualités, elle me faisait visiter le salon, des dames se faisaient coiffer et séchaient sous d'énormes casques, une inondation menaçait, que son associé prédisait depuis un moment et quand l'eau était montée, il avait crié de faire attention au cercueil, le corps s'en échappait, et, nageant sous l'eau, je voyais en effet l'homme décomposé en costume sombre qui flottait parmi les algues, il fallait faire attention, la mort n'était plus ce qu'elle était, me disait-on, et les morts étaient implacablement transformés en bonhommes playmobil habillés en noir, grandeur nature, pour échapper à cette fatalité il fallait –


laurent herrou
écrivain

11 avril 2007

rêves / week-end 2

le corps ne correspondait pas, c'est-à-dire qu'il ne répondait pas aux exercices musculaires que je faisais devant le miroir de la chambre, le corps était faible, les pectoraux avaient fondu, ne demeurait que l'ombre des seins sous des épaules décharnées, déséquilibrées, je tentais quand même d'obtenir une réponse de l'anatomie appauvrie mais en vain, les filles se disputaient le prix d'interprétation de la meilleure actrice blonde, elles se ressemblaient toutes, des plus jeunes aux plus âgées (mon âge), les films passaient en boucle dans les salles du palais monégasque, je me perdais dans les rues, ça n'avait pas de sens
plus tôt c'était la gay pride sur le bord de mer et tandis que j'avançais entre les badauds, je recueillais au fur et à mesure de ma marche des œillades intéressées et je savais qu'une fois mon tee-shirt enlevé (satanés pectoraux), le succès serait total, pourtant j'hésitais à la dernière minute à rejoindre le cortège, et c'est totalement nu que j'attendais le métro-vaporetto avec hans et rodney qui me prêtaient leur portable, une petite plaque rouge ultra-fine dont la qualité d'écoute des messages publicitaires -puisqu'ils avaient souscrit ce forfait-là- était excellente, et je pestais contre la dictature de la publicité, un homme me suivait des yeux, il sentait qu'il me plaisait mais je ne pouvais pas le suivre, je quittais les lieux en prenant soin de laisser de la distance entre nous mais je le croisais évidemment dans les escaliers quand je voulais redescendre sur le quai et son regard de désapprobation silencieuse me culpabilisait
il était question d'un livre aussi, l'auteur, un certain pascal hainé, faisait référence a christine angot, il y avait le mot "jardin" dans le titre, qui ressemblait, couverture blanche, tissu, au "dans ma chambre" de dustan chez p.o.l et je perdais la logique du rêve en me réveillant à plusieurs reprises, replongeant uniquement pour voir les lettres HAINE s'afficher devant moi dès que je fermais les yeux


laurent herrou
écrivain