la fatalité
et vous n'avez jamais postulé avant? demandait-elle et je lui expliquais les yeux dans les yeux que je n'étais pas prêt avant, mais qu'aujourd'hui, si je venais la trouver dans son cabinet d'avocats, c'est que je savais que ce que j'avais à offrir l'intéresserait, je lui disais : je veux la direction de cette librairie, elle disait : mais alors pourquoi n'en ouvrez-vous pas une, une librairie gay? je répondais que ce n'était pas la peine, ce n'était pas de cela qu'il était question, mais de reprendre cette enseigne-là, qui sans se vouloir gay surfait sur la vague, il y avait du potentiel, j'avais des qualités, elle me faisait visiter le salon, des dames se faisaient coiffer et séchaient sous d'énormes casques, une inondation menaçait, que son associé prédisait depuis un moment et quand l'eau était montée, il avait crié de faire attention au cercueil, le corps s'en échappait, et, nageant sous l'eau, je voyais en effet l'homme décomposé en costume sombre qui flottait parmi les algues, il fallait faire attention, la mort n'était plus ce qu'elle était, me disait-on, et les morts étaient implacablement transformés en bonhommes playmobil habillés en noir, grandeur nature, pour échapper à cette fatalité il fallait –
laurent herrou
écrivain
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