18 janvier 2009

Le rêve de la caravane

Ce rêve me ramène à l’époque où j’étais étudiant. J’habite dans une caravane minable en banlieue. De retour, après un week end passé chez mes parents, je découvre qu’elle a été cambriolée. Ce n’est pas la première fois. Ce logis offre peu de résistance aux voleurs. J’ai déjà rêvé –mais quand ? – d’une semblable mésaventure. Il y a des espaces vides à la place de mon ordinateur, de ma télé, du téléphone ; tandis que le reste est en vrac. Un vieil ami, qui m’accompagne depuis le rêve précédent (dont je me souviens à peine), appelle l’assurance. De mon côté, écœuré, je décide de déménager. En rangeant les affaires, je découvre de vieux objets remontant à mon enfance, comme des carnets multicolores ou un jeu électronique Donkey Kong. Les déménageurs arrivent alors que je n’ai pas fini. L’un d’eux me demande s’il peut récupérer mon abonnement au câble, plus ou moins à titre de paiement. Je perds le fil du rêve.

Al'
rêveur

le cran supérieur

le père maltraitait les fils, il les humiliait et les torturait, il rasait le crâne de celui-là sous une douche brûlante, et l'enfant au fond de la cabine pleurait entre les bras de la mère, le père disait que c'était un singe parce qu'il avait du poil, la mère ne disait rien, elle dormait hors de la maison, à l'orée du bois, enveloppée dans des édredons épais pour combattre le froid, lorsque le père avait décidé de passer au cran supérieur, armé d'une tronçonneuse qu'il s'amusait à démarrer dans la maison, je courais vers la chambre des enfants, que rien ne pouvait réveiller, leur corps tremblant blotti sous la couette, comme des rôtis prêts à être tranchés, j'allais réveiller la mère et nous entraînions le père vers les couloirs bondés du métro où la scie menaçait de faire des ravages, jusqu'à l'intervention de cet homme, volontaire, asiatique, qui présentait lui-même son visage à la tronçonneuse, insistant sur les yeux — voulait-il par son sacrifice nous sauver, la
mère et moi? — nous parvenions, tandis que la scie faisait sauter sa calotte crânienne et découvrait les hémisphères cérébraux, nous réfugier dans un sas sans issue qu'emplissait peu à peu le sang de l'asiatique, on n'avait pas d'illusion, simplement la satisfaction d'avoir sauvé pour un temps les enfants et l'espoir, dans une autre réalité, d'ouvrir les yeux et d'échapper au rêve

laurent herrou
écrivain