28 mars 2007

rêve / jour 6

revenait la question du voyage, montréal, mon frère ne pouvait pas m'accueillir la première quinzaine de juin pour une raison dont je ne me souviens pas, mais qui le satisfaisait, j'avançais alors la deuxième quinzaine, puisque mes vacances n'avaient pas de fin, il paraissait contrarié, que j'insiste de cette façon, il acceptait à contre-cœur


laurent herrou
écrivain

27 mars 2007

rêve / jour 5

entre deux masses de viandes immergées (bœuf ou cochon indifféremment, aux mugissements indiscernables) un raton-laveur-limace résiste aux hommes qui s'acharnent, au moyen de câbles enfoncés dans sa chair, à le sortir de l'enclos : les petits hommes (dans le sens de : lilliputiens ou playmobil) vivent dans des rizières parsemées d'œuvres d'art (un calder; un mondrian) qu'ils honorent comme des divinités -puis la bête abdique dans un bond qui déploie sa longueur et sa gueule moustachue manque de quelques centimètres les chasseurs harassés
à l'américaine, comme dans une série télévisée, la scène est précédée de l'histoire d'un père de famille (deux filles, une adolescente et une enfant, terrorisée) qui tombe en panne sur la route qui le ramène chez lui, et tandis qu'il part chercher du secours, son épouse s'envoie en l'air avec un homme large (un ami, un fidèle à son abnégation souriante, pataude) dont le corps puissant la ramone dans chaque pièce dont je pousse la porte, ses mollets ronds en appui sur les jambes de la femme de sorte que chaque mouvement de ses pieds la fait coulisser en rythme sous lui, jusqu'à l'orgasme (le sien) derrière la dernière porte, celle de la chambre, et l'angoisse croissante que la voiture du mari se parque devant les baies vitrées de la maison (les fillettes, bougies à la main, comme à la messe, une veillée de noël -ou bien…)


laurent herrou
écrivain

26 mars 2007

rêve / jour 4

au matin ne restent que des images, des impressions du quatrième rêve, la nuit pourtant s'est interrompue sur des éveils brumeux, troublés, le château envahi par le lierre, la nécessité de tirer ce lambeau de peau sur la jambe, la souffrance dans la crispation du visage et les billots d'os à vif, les hurlements de douleur et d'appels à la clémence, la moelle rouge vif qui pulsait comme un cœur et l'évanouissement, noyade liquide, limpide, suivie d'autres images qui s'effilochent au fil de la journée, ne subsiste que cette lacune, triste, l'évidence de la matière gâchée, perdue

laurent herrou
écrivain

25 mars 2007

rêve / jour 3

l'enfant blond dormait contre moi, j'occupais le lit du dessus, la chambre était étroite et lorsque je soulevais l'enfant à bout de bras, pour l'éloigner de moi et le regarder dans les yeux, lui expliquer que c'était fini, qu'il fallait rentrer, je parvenais à peine à tendre les bras tant le plafond était proche, il était question d'une colonie de vacances, on rentrait, pour une raison mystérieuse, tandis que le car gigantesque se frayait un chemin difficile sur la route tortueuse je tentais de le faire précéder d'un caddie de supermarché qui me résistait, partait en travers vers les trajectoires des autres véhicules, on arrivait sans encombres, à pieds, je marchais en tête, une sorte de barde, un troubadour, la Horde derrière moi (j'avais tenté le Damasio sans succès dans la journée qui précédait le troisième rêve), les parents m'accueillaient et en tête d'accueil ma mère, inquiète, tout s'était bien passé je la rassurais, mon père proposait de nous ramener, je disais : je ne suis pas seul, mais il insistait sur le "nous", seulement Jean-Pierre avait sa voiture et je proposais à mon tour de boire alors un café tous ensemble puisque l'on avait fait un pas en avant semblait-il mais mon père secouait la tête, contrarié (je comprenais qu'il avait dû négocier ferme pour en arriver là et je mettais à l'eau ses plans), Laurent Ramade ne me voyait pas et récupérait son fils avant de disparaître, le retour était suivi d'une fête, une kermesse pendant laquelle trois enfants juifs, deux garçons identiques et une jeune fille aux boucles noires parfaites en cascade dans son dos comme dans celui des garçons, jouaient du piano, la fille était rejointe par une jeune allemande qui portait un appareil dentaire et des lunettes, elle posait ses doigts sur le clavier, ses yeux sur la page et les notes s'élevaient, un quatre mains savant, un point électronique noir suivait la progression de la musique sur la partition, de sorte que l'on savait précisément où l'on en était et je regardais admiratif les doigts courir sur le piano, et plus encore les visages concentrés qui buvaient la page -je me disais que je n'avais pas travaillé suffisamment, je regrettais, il était trop tard


laurent herrou
écrivain

rêve / jour 2

la porte était fermée, c'était une porte de grange immense, en bois gris, vieille, les troncs s'emmêlaient sur ses battants, en lianes nouées, c'était un village que je visitais, il était question d'une location occasionnellement, un appartement avec terrasse, la ville n'avait pas de nom, ce n'était pas une ville ni un village mais un quartier plutôt, agricole, artisan, c'était l'étranger et c'était ici pourtant, la porte ne s'ouvrait pas, du moins mes efforts pour la tirer vers moi ne donnaient aucun résultat, je finissais par abandonner, je reculais de deux pas en levant les bras dans un signe d'impuissance, la porte se gonflait alors en son centre, poussée de l'intérieur par une force exceptionnelle, elle grinçait sur ses gonds, menaçait de céder, un grondement sourd suivait chaque poussée, la bête -mais qu'était-elle, je ne voulais pas le savoir et tournais le dos- rageait, la porte ne cédait pas mais l'animal ne céderait pas non plus, je continuais mon chemin la tête dans les épaules, honteux : j'avais réveillé la bête certes, mais j'avais failli à la libérer et sa colère m'était destinée, je ne m'enfuyais pas, je méritais ce qui allait se passer


laurent herrou
écrivain