04 janvier 2008

Le rêve du champ de blé

J’ai rêvé de guérilleros barbares, d’un champ de blé par un beau jour d’été, d’une famille nombreuse serrée par la peur dans une petite maison, et de la soif terrible lorsque on a eu le bide transpercé par une balle. Chaque parcelle de ma vie, chaque chose que j’ai aimé faire, s’éteint comme une diode sur un panneau.

Al'
rêveur

03 janvier 2008

Le rêve de la salle de bain de l'autre côté du palier

Je fais souvent le rêve d’un appartement plus vaste que le mien. Un trou dans le mur derrière un placard, une petite porte dans un recoin, ou encore une trappe, tous jusque-là mystérieusement ignorés, ouvrent un jour sur une pièce oubliée, libre d’être annexée. Parfois elle est nue, parfois elle renferme un vieux bazar. Cette fois-ci, après une longue absence, je reviens dans un appartement qui ressemble à la chambre de mes grands-parents, à la maison. Même boiseries, même vieux meubles. J’héberge mon frère et un de ses amis, qui dorment dans le salon, lequel a un grand lit plus un lit de camp, tandis que je dors dans la chambre proprement dite, avec le chat. Le matin, je vais à la salle de bains. Cette dernière est un petit appartement reconverti, de l’autre côté du palier. Un peu vieillotte ; peut faire office de chambre d’amis grâce à un lit supplémentaire. C’est d’ailleurs ce que je dis à la femme d’un voisin, venue m’annoncer que sa famille se servait de la salle de bain en attendant mon retour. Les bambins et le mari, tous en peignoir, ne tardent pas à débarquer eux aussi. Finalement, je préfère attendre qu’ils aient fini avant de me brosser les dents ; je referme la porte.

Al'
rêveur

31 décembre 2007

p(l)ouf!

mireille mathieu devait chanter, c'était son grand retour, elle arpentait la ville de dos, elle répétait en secouant son casque brun, c'était bizarre de rêver de mireille mathieu alors qu'on vivait aux états-unis, la suite du rêve figurait une échappée, il fallait creuser un tunnel sous l'eau, la petite fille qui n'était pas humaine s'enfonçait sous l'eau, effrayée, bien entendu le tunnel de sable s'effondrait et en voulant hurler de peur, la petite fille se remplissait d'eau d'un seul coup, l'ami appelé à sa réanimation constatait les dégâts d'un air désolé, que pouvait-il faire, il disait : pouf! elle s'est remplie d'un coup, en appuyant sur son dos pour en chasser le liquide dans un grand moment de démonstration pédagogique — mireille quant à elle avait des airs de chantal goya, à la réflexion

laurent herrou
écrivain

Le rêve du bazar aux livres anciens

Tunis, au XIXe siècle. Une kasbah s’est superposée aux ruines de Carthage. Il s’y tient la nuit un bazar aux livres anciens. La police islamique le surveille, alors les bouquinistes parlent en grec et ne vendent que des livres en latin, grec ancien et français. La plupart sont écornés, humides, dépourvus de couverture. En se donnant la peine, sur les étals, on peut pourtant trouver des rouleaux antiques dans un assez bon état. Une nuit, une statue de Dionysos, jusque-là imbriquée dans un mur, hors de vue, se détache d’un bâtiment branlant. Ses morceaux viennent rouler par une ruelle en pente, vers le bazar. Si la police trouve le visage de la statue, elle le détruira. Vite, je vais le cacher au bas d’un escalier, dans le repaire secret d’un trafiquant en antiquités. Par un pur hasard, je trouve chez lui ce que je cherchais : un rouleau décrivant l’aventure de deux jeunes filles de l’aristocratie, du temps de la Carthage romaine. La plus âgée des deux veut initier sa cadette aux plaisirs de la chair. Pour cela, à la lueur des flambeaux que brandissent leurs esclaves, elles se rendent au temple de Cybèle, au cœur de la vieille ville et de ses mystères. Les apprentis lustreurs de cuir y ont le droit de recevoir des inconnues pour une ultime orgie, avant d’être castrés à l’aube. Ils brandiront alors bien haut leur sexe, le poing dégoulinant de sang, pour le montrer à la foule.

Al'
rêveur

30 décembre 2007

Le rêve du cargo échoué

Dans un cargo échoué qui a longtemps servi de squat, se répand une pourriture qui le déforme, lui donne d’inquiétantes excroissances organiques. Les gens du coin veulent le détruire. Trois artistes, deux hommes et une femme, la quarantaine bobo, qui vivent non loin en voisins, décident d’un coup d’abandonner leurs carrières pour sauver le squat de leur jeunesse. Je suis très sceptique; je n’arrive pas à les raisonner. Ils amènent de grandes quantités de planches, et transforment la soute en loft cosy.

Al'
rêveur

Le rêve de la troupe de théâtre itinérante

Je fais partie d’une troupe de théâtre itinérante. Je dois écrire une pièce, les comédiens sont très enthousiasmés par les idées que je lance. Ils me poussent à organiser une répétition publique alors que je n’ai toujours rien écrit. On déblaye devant le feu de camp une arène de gravier. Je tiens l’un des rôles. La pièce est très bavarde, elle traite d’histoires de couple sous un angle comique, tout en prétendant à une fine analyse. On improvise quelques saynètes. C’est une catastrophe, personne ne rie, le public devient hostile ; je ne m’occupe même plus de la pièce, j’essaie de me cacher en creusant un trou de mes mains. Tout se délite. Pourtant les comédiens restent très motivés, même ils me vouent une sorte d’adoration ; sur l’une des voitures ils érigent une statue en plâtre me représentant en Maître, à la façon du réalisme soviétique, tendant un doigt vers la direction à prendre, le regard impérieux. La statue dégouline de peinture, me dents se déchaussent tandis que je brûle…

Al'
rêveur