31 décembre 2007

Le rêve du bazar aux livres anciens

Tunis, au XIXe siècle. Une kasbah s’est superposée aux ruines de Carthage. Il s’y tient la nuit un bazar aux livres anciens. La police islamique le surveille, alors les bouquinistes parlent en grec et ne vendent que des livres en latin, grec ancien et français. La plupart sont écornés, humides, dépourvus de couverture. En se donnant la peine, sur les étals, on peut pourtant trouver des rouleaux antiques dans un assez bon état. Une nuit, une statue de Dionysos, jusque-là imbriquée dans un mur, hors de vue, se détache d’un bâtiment branlant. Ses morceaux viennent rouler par une ruelle en pente, vers le bazar. Si la police trouve le visage de la statue, elle le détruira. Vite, je vais le cacher au bas d’un escalier, dans le repaire secret d’un trafiquant en antiquités. Par un pur hasard, je trouve chez lui ce que je cherchais : un rouleau décrivant l’aventure de deux jeunes filles de l’aristocratie, du temps de la Carthage romaine. La plus âgée des deux veut initier sa cadette aux plaisirs de la chair. Pour cela, à la lueur des flambeaux que brandissent leurs esclaves, elles se rendent au temple de Cybèle, au cœur de la vieille ville et de ses mystères. Les apprentis lustreurs de cuir y ont le droit de recevoir des inconnues pour une ultime orgie, avant d’être castrés à l’aube. Ils brandiront alors bien haut leur sexe, le poing dégoulinant de sang, pour le montrer à la foule.

Al'
rêveur