06 avril 2007

l'examen

on passait un examen, ça semblait important et dérisoire à la fois, il y avait un enjeu mais je savais bien que ça ne mènerait à rien, aussi je prenais ça un peu à la légère, ce qui n'était pas du goût des responsables qui tiraient la gueule, réprimandaient pour la forme, c'était sur de longues tables en bois, on aurait dit une salle de classe ou les bancs de la faculté -il me suffit de fermer les yeux, les images affluent, il faut les laisser venir, les laisser souffler- il était question de fermeture aussi, du temps qui restait, il fallait à la fois se presser et être attentif, les informations contradictoires se bousculaient, le rire n'avait pas sa place même si j'étais joyeux, tu voulais une glace, boire un verre, en terrasse, tu voulais une place à table, tu voulais un sandwich -parfois on influence, on dirige, parfois : mensonge- on n'aurait pas cet examen, c'était évident, alors à quoi bon?


laurent herrou
écrivain

03 avril 2007

la matière des rêves

«Je n’ai pas rêvé de Jean-Luc, mais d’un château étrange, de combats à l’épée, de la Nouvelle Star, des enfants que l’on préparait pour l’émission dès la cinquième, pour “placer votre voix” disait le professeur principal, conscient de l’enjeu majeur que représentait l’émission. Il y avait un arbre dont les feuilles pourrissaient en grappes, comme les masses rougeâtres d’un saule pleureur à l’automne. Mes collègues de travail, en révolte permanente -il y a de cela quelques nuits, cette nouvelle, une incidence inattendue : Karine est morte (laquelle?). Kamal me réprimandait, on ne jouait pas avec des objets tranchants. Des escaliers, une chambrée, des draps blancs autour de nous (qui étions-nous? Des filles en majorité). Je me suis dit que j’avais à nouveau de la matière pour Slumblog.»


laurent herrou
écrivain

02 avril 2007

rêves / week-end 1

les enfants avaient développé des pouvoirs, ils en étaient conscients mais le cachaient habilement, pourtant, alors qu'ils passaient la porte (d'un garage, un lieu clos), ils avaient eu la sensation très vite que quelque chose n'était pas normal, ils avaient dépassé les portes métalliques qui ne s'ouvraient pas, dans la pièce blanche, carrée, qui faisait suite aux ascenseurs, des hommes en costume sombre habillaient les coins, rigides et tendus comme les cordes sèches d'un violon agressif et je montais à l'étage, christine vivait là, c'était sous les toits, un large grenier à plusieurs niveaux habillé de mezzanines et de plantes vertes, le tout boisé à l'extrême, mansardé, je pensais à ororo, je me disais que si j'avais habité là moi-même, j'aurais recouvert un pan du toit d'une large vitre -je mettais immédiatement en doute cette idée, l'afflux de lumière aurait sans doute été trop important quand le soleil est au zénith (mes rêves d'enfant s'effondraient) et l'homme portait la moustache, il s'approchait très près de moi pour me confier un secret que je ne comprenais pas, c'était une anecdote sans intérêt mais son visage était collé au mien tandis qu'il me racontait son histoire et je me demandais s'il était conscient de l'émotion qu'il provoquait en moi, on était au lit ensuite, nu l'un et l'autre, sous les fenêtres du bureau de son épouse qu'il saluait de la main, lui promettant de ne pas rentrer trop tard ou qu'elle ne s'inquiète pas, il ouvrait son bras pour m'accueillir sur sa poitrine, il ne voulais pas de moi sexuellement, du moins cela ne se posait pas en ces termes, mais en positions d'un corps contre un autre, en étreintes, en baisers sobres, en frôlements, son corps était chaud, sa présence me rassurait, son impassibilité promettait l'éternité


laurent herrou
écrivain