24 janvier 2007

Goerges et la boule d'aluminium

Georges Clooney et moi devions à tout prix voler une sphère d'aluminium dans un appartement jaune. Pour ce faire, Geroges se faisait passer pour le décorateur et demandait aux ouvriers de tout repeindre en parme (!) afin de détourner leur attention pour que nous puissions nous emparer de la boule. Mais nous devions faire vite, une bombe était cachée dans l'appartement et menaçait de sauter d'un instant à l'autre ...


Letizia Goffi
Illustratrice

Tant qu'il y aura des survivants

Nous marchions depuis la fin de la civilisation. Il y avait bien des voitures, mais elles n'étaient plus que des carcasses abandonnées. Nous progressions donc à pied, en suivant ces sentiers pédestres qu'empruntaient les familles pour sortir le dimanche. Les enfants ne se plaignaient pas, même dans les côtes. Ils semblaient bien supporter la situation, mais ce calme apparent tenait plus de l'hébétement que du courage. Leurs moniteurs n'auraient pas pu supporter de turbulences de toute façon. Ils étaient épuisés nerveusement, et pourtant ils souriaient, d'un sourire insouciant d'un gosse qui joue au soleil. Durant l'explosion, ils étaient en bus. Le souffle l'avait retourné, et le chauffeur était mort sur le coup. Les enfants eux n'avaient eu que
quelques égratignures. C'est en voulant rentrer vers le nord que nos chemins se sont croisés. Nous ressemblions à une bande de randonneurs, avec nos bâtons de marche, à l'ombre des chênes. Peu de temps avait dû passer, car nos barbes étaient encore courtes, mais nous avions dû faire un bon bout de chemin. Je regardais les gosses avancer, increvables, les genoux écorchés et les vêtements sales. Ce serait à eux de rebâtir une société. Et pourquoi pas après tout...

C'est un reflet violent du soleil sur les vitres, vu à des kilomètres, qui nous attira vers le centre commercial. Après une courte discussion, nous nous étions mis d'accord pour nous y rendre, à la recherche de nourriture. Ce qui nous surpris le plus, c'était les ascenseurs. Je devrais plutôt parler de plates-formes, étant donné leur design futuriste chromé sans garde-fou. Depuis la bombe, plus aucune usine électrique ne tournait, ni thermique ni nucléaire. Et pourtant ce centre commercial avait des ascenseurs qui fonctionnaient, probablement alimentés par un groupe électrogène. Il y avait même de la lumière à l'étage, dans ce qui ressemblait à une librairie. Accompagné d'un des moniteurs, j'empruntais la plate-forme pour satisfaire ma curiosité. Très lentement, nous nous élevâmes jusqu'à pouvoir regarder par-dessus le plancher, entre les barreaux de la rambarde du premier étage. Où une jeune fille nous regardait sans sourciller. Elle était blonde, devait avoir autour de quatorze ans, et portait une queue de cheval, un T-shirt superman et un sac un dos. Elle était visiblement intriguée par ces personnes qui s'élevaient dans les airs, sans doute les premières qu'elle voyait depuis la fin du monde.
Tandis que nous nous observions sans rien dire, je distinguais plus à gauche des piles éclairées par des néons. Elles ressemblaient aux piles de magasine people que ma grand-mère gardait dans sa cave.
"Nom de Dieu..."
Notre ascension n'était pas terminée, le plancher était encore au niveau de nos genoux, mais je ne tenais plus. J'escaladais la rambarde et me précipitais vers les piles de fascicules. La plus grande, celle qui m'intéressait, me surpassait. Je dus donc me servir d'une pile plus petite comme marchepied. Mon rêve de gosse était là, devant mes yeux. Superman, Batman, les X-men... Un vrai trésor. J'avais certains de ces numéros dans ma vie d'avant, mais il y avait quelques raretés. La fillette se rapprocha.
"Chouette, hein ? Dommage, maintenant y en aura plus..."
- Ne t'inquiète pas. Tant qu'il y aura des survivants, il y aura de nouvelles histoires."

Thomas
Collectionneur

le moyen

la mort, ce n'était pas la question, elles étaient mortes toutes les deux, elles pourrissaient tranquillement mais nous nous entendions bien, elles avaient de longs cheveux, l'une blonde, l'autre brune, elles se moquaient des hommes, elles allaient leur servir, il fallait faire illusion, nous en plaisantions en nous passant la main dans les cheveux, ils ne se rendaient compte de rien
après l'office on nous demandait comment on avait fait pour ralentir le pourrissement, on répondait que c'était facile, il suffisait de retenir les vers à l'intérieur, pendant un baiser ou une pénétration, les hommes ne faisaient pas attention, tout à leur plaisir égoïste, elles avaient de belles dents très déchaussées sur des sourires immenses et des yeux pleins de malice, nous étions mortes peut-être mais nous étions amies

laurent herrou
Écrivain