03 septembre 2006

Rêvé que je me rendais dans un coin de Lyon où je vais rarement. Le tramway y passe mais c'est quand même un peu paumé, apparemment il s'agit d'un quartier qui fut important dans le temps mais est tombé en désuétude: les trottoirs ne sont même pas goudronnés, ils sont en terre battue comme dans le St Brévin de mon enfance. Beaucoup de grands arbres, c'est le quartier du château, transformé en musée. Je suis venu pour voir la boutique de merchendasing d'art, dans un petit cottage à l'entrée du parc, mais elle est fermée. Je remonte l'avenue bordée de buissons et de hauts conifères, des aiguilles de pin jonchent le trottoir. Je me dis que je devrais venir plus souvent dans ce quartier très vert, on se croirait presque à la campagne. Au carrefour suivant, plusieurs grandes rues se croisent, il y a des magasins, façades basses, notamment un Habitat. Au-delà, on distingeu au-dessus des frondaisons les toits des maisons. Devant une grande boulangerie, l'arrêt du tramway. Ce n'est pas le tramway blanc habituel à Lyon: celui-ci est mi-blanc mi-noir et en duplex. Je monte m'asseoir en haut, un groupe d'ados rigole de l'autre côté de l'allée. La voie est haute par rapport aux maisons, comme parfois dans le métro londonien en allant vers Richmond. Soudain, un des ados réalise qu'ils se sont peut-être trompés de quai: il se tourne vers moi pour me demander si on va vers Villerbanne ou dans l'autre sens? Vers Villeurbanne: perdu, ils voulaient sortir de la ville.

André-François Ruaud
Ecrivain

Rêvé qu'à la place du pianiste, à l'étage en-dessous de chez moi, c'était un des musiciens de Comus qui venait d'enménager. Du coup, on entendait toute la journée des morceaux de Comus, d'autant que le musicos avait embauché un choeur de jeunes anglaises pour supléer à la chanteuse d'autrefois. (Cherchez pas: Comus était un groupe des années 70, avec certains membres d'Henry Cow et de Gong en invités, un truc étrange que mon cousin Bruno m'avait fait connaître à Bordeaux et auquel je suis resté très attaché...)

Ensuite, je me rendais en ville mais ce n'était pas Lyon, c'était Cergy-Pontoise, sauf qu'en bas de la Préfecture, au lieu simplement de la route, il y avait des commerces, et puis une immense statue genre manga. Le tramway qui passait m'enthousiasmait par son look, terriblement rétro-futuriste, fuselé, dans les tons vert sombre.

André-François Ruaud
Ecrivain

Rêvé qu'une amie universitaire me confiait ses problèmes de rivalités académiques avec une dénommée Mme Gurnes (NB: le vrai nom de Fantômas est Gurn). Cela provenait en particulier de ses recherches sur des cétacés ayant récemment changé d'aspect: leur peau présente maintenant des cercles sombres concentriques et elle est persuadé que ces animaux sont sur le sentier de la guerre. Son autre problème est qu'à chaque fois qu'elle sort de l'eau, elle est morte de froid, tremblante et la peau teintée de vert: je lui rappelle que mon petit frère avait lui aussi ce syndrome, autrefois. Lorsque nous allions à la plage en famille, mon frangin finissait généralement la journée grelottant dans une serviette, le teint glauque — nous avions appelé ça "avoir la vertouille".

André-François Ruaud
Ecrivain

Interrogatoire

Je me trouve sur une petite route de campagne étroite, sinueuse et bien agréable avec ses platanes bien rangés. Je conduis notre vieille 2 CV et je suis suivie par mon compagnon au volant de notre Simca rouge. Nous avions comme projet de nous arrêter pour nous reposer un peu et nous restaurer.

Je découvre brusquement à un croisement une grande inscription lumineuse et clignotante qui indique que “Toutes les 2 CV doivent prendre impérativement la file de droite”. J’hésite un instant mais j'obéis à cette injonction et m'engage dans cette voie laissant ainsi J. derrière moi.
Me voici seule sur cette route et constate qu’il n’y a aucune 2 CV à l’horizon alors que la file de gauche, que je dépasse rapidement, est très encombrée et n’avance absolument pas.

Je m’interroge sur la façon de “Nous Retrouver”.
J’ai finalement effectué bien des kilomètres et je suppose être très en avance sur mon compagnon.

Je continue ma route et me voici arrivée très étrangement dans un village désert, toutes portes closes, les rideaux des fenêtres sont baissés, pas de lumière qui transparaît et pas l’ombre d’un habitant. Au loin J’aperçois le clocher d’une église donnant sur une petite place et je découvre avec bonheur un restaurant que je connais bien. A l’intérieur beaucoup de clients attablés et radieux. Je suis alors persuadée que j’ai trouvé enfin la bonne solution pour retrouver celui que j’attends.

J’arrête mon véhicule et distingue au loin une grande silhouette féminine inconnue mais qui, au fur et à mesure qu’elle s’approche, me paraît familière sans que je puisse toutefois arriver à l’identifier. Cette femme pose avec beaucoup d’insistance son regard froid sur moi et se met à me questionner sur mon fils décédé il y a bien des années. Sa voix est calme et douce en opposition avec son regard. Je voudrais fuir mais une attirance aussi trouble que tenace me fige. Ces questions, sous forme d’interrogatoire, sont formulées de façon si rapide et si pressante que je me trouve déstabilisée. Ces demandes insolites me troublent, me provoquent car elles concernent mon enfant perdu : la date de naissance, le poids, la taille, le groupe sanguin, la couleur de ses cheveux, de ses yeux, etc. Toutes ces questions me harcèlent et je me sens pourtant obligée d’y répondre avec une grande précision. j’aimerais que J. soit auprès de moi !

Cette étrange femme cesse brusquement de m'interroger et me dit alors qu’elle en sait assez maintenant et qu'elle va pouvoir faire apparaître l’image de mon fils vivant en 2006 !
Le réveil sonne, il est 7 heures du matin.

MB