29 février 2008

le rêve d'Ulysse rieur

Le rêve est un triptyque. Dans la première partie, le groupe de journalistes dont je faisais partie en Malaisie doit peindre des tableaux. On dispose d’immenses toiles, certaines couvrent des pans de mur. Je voudrais réaliser un tableau qui s’intitulerait Ulysse rieur, mais je n’ose pas. À la place j’aide une amie sur sa propre toile, pour un résultat quelconque. Je suis bien plus impressionné par l’œuvre du photo-reporter qui nous accompagnait: sur une grande surface noire, il a disposé des silhouettes blanches. Un photographe désigne une fenêtre à un enfant. Sans transition, le rêve se poursuit dans la cour d’un vieil immeuble. Une vigoureuse glycine monte à l’assaut des galeries en façade. Des familles de trisomiques vont et viennent derrière les rambardes. Je retrouve le gérant d’une boutique spécialisée où je me rends souvent. Il a du ventre, les cheveux blancs et une barbiche. Il porte un chapeau de paille élimé. Depuis le premier étage, il bouge les branches de la glycine afin de ménager des puits de lumière. Je vois un bout de tatouage qui dépasse de son col. Je lui demande de me les montrer. Il enlève sa chemise : au-dessus de la ceinture, des tatouages colorés complètement fous peuplent sa peau. Il s’en fait faire un, me dit-il, à chaque fois qu’il rend visite aux mongoliens. L’immeuble a quelque chose de la Belle Epoque. Je remonte le temps vers cette période. Je fais partie d’une colonie d’artistes des deux sexes, surtout des peintres et des acteurs, incrustée dans une bourgade de l’ancienne banlieue parisienne. L’été est beau ; une succession de frasques joyeuses, un rêve d’impressionniste. Un meurtre clôt la fête. L’enterrement est aussi fastueux que lugubre. La communauté se déchire.

Al'
rêveur

Le rêve de la cité souterraine

Ces derniers jours, j’éprouve des difficultés à me souvenir de mes rêves. J’en garde toujours des bribes au réveil, mais nettement insuffisantes. Je sais que j’ai perdu des épisodes entre tel et tel moment du rêve, comme si le rêve était un film et que sa bobine avait été barbouillée plutôt que découpée et recollée. Hier, j’ai fait un rêve qui se passe dans le désert lybien, pendant la seconde guerre mondiale. Ce dont je me souviens tient en un paragraphe… Je fais partie d’une unité de commandos britanniques. Le rêve, je crois, commence dans une ville typiquement africaine, sauf qu’elle est souterraine. On monte dans un train qui emprunte une ligne désaffectée. L’air du tunnel est toxique, on doit porter des masques à gaz. Lorsqu’on émerge au soleil, des desperados de l’Afrika Korps nous tendent une embuscade. Il me semble. Le rêve m’échappe.

Al'
rêveur

Le rêve des dodos

Un ami squatte la maison familiale. Il s’est aménagé un repaire secret dans l’un des bâtiments, du côté de la cave. Un panneau coulissant, un matelas posé par terre, quelques affaires. On est une bande de copains à lui rendre visite. Il nous montre tous les recoins qu’il connaît. Le lendemain, à l’aube, un pote va dans la cour imiter le cri du coq. C’est le signe du rassemblement. Mais j’ai d’autres plans pour la matinée. Je m’en vais courir par les petites routes de campagne. Dans ma main gauche, un bâton avec au bout une roue ; dans ma main droite, une ventouse pour déboucher les WCs. Je ne sais plus où sont passées mes jambes, peut-être ont-elles disparu, ou alors je les tiens repliées contre mon torse ; en tout cas, grâce à ce dispositif, j’avale les kilomètres. Je croise un voisin sur son tracteur. Il me dit de rentrer chez moi par le chemin le plus court. Donc il me faut escalader le versant boisé de la colline. Lequel abrite une colonie de dodos géants. Des monstres qui n’aiment pas être dérangés, et qui le manifestent en tentant de m’écraser avec leurs becs énormes. J’arrive à la maison. Des épisodes s’enchaînent, perdus au réveil. Puis je me retrouve dans la salle des fêtes du village, vêtu d’orange comme un moine bouddhiste ; j’assiste à une messe d’enterrement.

Al'
rêveur