le rêve d'Ulysse rieur
Le rêve est un triptyque. Dans la première partie, le groupe de journalistes dont je faisais partie en Malaisie doit peindre des tableaux. On dispose d’immenses toiles, certaines couvrent des pans de mur. Je voudrais réaliser un tableau qui s’intitulerait Ulysse rieur, mais je n’ose pas. À la place j’aide une amie sur sa propre toile, pour un résultat quelconque. Je suis bien plus impressionné par l’œuvre du photo-reporter qui nous accompagnait: sur une grande surface noire, il a disposé des silhouettes blanches. Un photographe désigne une fenêtre à un enfant. Sans transition, le rêve se poursuit dans la cour d’un vieil immeuble. Une vigoureuse glycine monte à l’assaut des galeries en façade. Des familles de trisomiques vont et viennent derrière les rambardes. Je retrouve le gérant d’une boutique spécialisée où je me rends souvent. Il a du ventre, les cheveux blancs et une barbiche. Il porte un chapeau de paille élimé. Depuis le premier étage, il bouge les branches de la glycine afin de ménager des puits de lumière. Je vois un bout de tatouage qui dépasse de son col. Je lui demande de me les montrer. Il enlève sa chemise : au-dessus de la ceinture, des tatouages colorés complètement fous peuplent sa peau. Il s’en fait faire un, me dit-il, à chaque fois qu’il rend visite aux mongoliens. L’immeuble a quelque chose de la Belle Epoque. Je remonte le temps vers cette période. Je fais partie d’une colonie d’artistes des deux sexes, surtout des peintres et des acteurs, incrustée dans une bourgade de l’ancienne banlieue parisienne. L’été est beau ; une succession de frasques joyeuses, un rêve d’impressionniste. Un meurtre clôt la fête. L’enterrement est aussi fastueux que lugubre. La communauté se déchire.
Al'
rêveur
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