08 décembre 2008

La pieuvre

Mon ex-beau-frère vivait relativement bien sa séparation, il avait rasé sa grosse barbe et son visage rayonnais d’une joie que je n’avais jamais vu sur ses traits.
Il avait pris la décision de vivre de sa passion : une pieuvre géante avec qui il passait toute les journées enfermé dans sa petite maison. Tout l'étage était rempli d’un bon mètre cinquante d’eau. Il montait la pieuvre comme d’autre un scooter des mers. Le temps passé avec l’animal avait fusionné leurs deux corps.
Des nombreuses petites tentacules avaient poussé entre eux et sa peau prenait la texture et l’aspect de la bête.

Sébastien Hayez
Graphiste illustrateur

Le mal de crâne

Pris d’un mal de tête, on m’oriente vers un spécialiste, son local est une sorte de garage automobile énorme. L’homme en bleu de travail et très trapu, m’emmène dans un coin du hangar et sort une sorte de fraise de dentiste.
Il attaque mon crâne comme on le ferai pour une dent. Il s’y reprends à plusieurs fois : aucune douleur si ce n’est les vibrations de la machine qui me remonte dans les os.
Au final, l’homme arrête et avoue ne pas pouvoir faire mieux. Je touche mon crâne creusé. j’ai l’impression de toucher une pomme de terre dont on aurait essayé d’enlever tout les yeux, plus on gratte, plus d’autres yeux apparaissent en profondeur ou à proximité.

Sébastien Hayez
Graphiste illustrateur

07 décembre 2008

Le rêve de l'île en plâtre

Un vieil anglais (John Cleese des Monty Python, je crois bien) me propose d’ouvrir un petit coffre-fort pris dans un modèle réduit d’île. Il faut quatre clefs de couleurs différentes. L’île est une reconstitution fidèle, il y a un château au sommet d’une grande colline centrale, et plusieurs villages. Des bords de l’île pendent des fils de pêche avec à leur bout des maquettes de galions, des étoiles de mer, des coraux. Tout un monde de petits lutins en costume de pirate vit dans cette collection hétéroclite. Ils prétendent être l’incarnation des mythes de la pleine mer. Couper les fils les libèreraient. J’ouvre le coffre. Il n’y a rien dedans. Le trésor a forcément été caché quelque part dans la maquette. Je la ruine à coup de poing. On met à jour un deuxième coffre. Mais il est piégé. Mon comparse le désamorce à temps. Qu’y a-t-il dans ce coffre ?

Al
rêveur

Le rêve du père et du fils

Un père vient chercher son fils qui séjourne dans un asile psychiatrique. Le fils fait pitié à voir : il est incapable de se tenir droit, il est comme tordu. Il ne veut pas partir, il s’est fait une bande d’amis parmi les fous. Le père a un profil d’aigle, des manières autoritaires. Il a du mépris pour son fils, pourtant il veut le ramener à la maison. Il le force à rassembler ses affaires dans un grand sac, mais le sac ne suffit pas, il y a trop de livres. Le père prend un de ces livres, c’est une belle édition de la pléiade, complètement foutue, le livre d’un obsessionnel, raturé sauvagement par endroits. A l’intérieur du livre, cachés, il y a d’autres livres. Le père se moque de son fils, incapable d’assumer ses lectures.

Al'
rêveur

Le rêve du peintre

Je rends visite au peintre surréaliste Balthus. Il habite un enchevêtrement de petites pièces et de couloirs adossé à un musée, au cœur d’un pâté d’immeubles haussmanniens. Il y fait sombre. L’appartement semble avoir été abandonné depuis des décennies. Il est presque vide, à l’exception d’horribles mobiles, réalisés à partir de chouettes empaillées et d’ossements divers. J’ai pour guide l’épouse du peintre, une paysanne d’un bloc à l’air revêche et aux cheveux filasse.

Al'
rêveur