02 avril 2008

Le rêve de la princesse solitaire

Je suis vêtu comme au XVIIIe siècle, et un valet m’accompagne. Pourtant je dispose d’un appareil photo numérique. Je loge dans un château, vide à l’exception d’une belle et jeune princesse, la maîtresse des lieux. Peut-être a-t-elle des domestiques, mais il fait nuit. Dans la journée, je me suis promené à cheval dans la campagne. J’ai pris des photos d’arbres. L’appareil que j’utilise a le pouvoir de révéler les formes latentes dans l’écorce : elfes repliés en position fœtale, aux vastes ailes diaphanes ; corps surpris dans leur dernier instant, figés par les cendres d’une explosion volcanique, et que la brise effrite… Je me glisse dans la chambre de la princesse pour voler une photo d’elle dans son sommeil. Elle se réveille brusquement. Elle me demande de lui montrer les photos. Je mets l’appareil en mode diaporama. Les photos se succèdent très vite, comme un petit film d’animation stroboscopique. Puis en riant elle va chercher mon sexe, le sort, et entreprend de le couper avec un cutter, par petits coups. Curieusement, le sang ne gicle pas. Juste une coupure rouge bien nette. A mi-chemin je prends conscience de la situation et je lui dis d’arrêter. Je quitte le château en courant. Vu de l’extérieur, le château ressemble à celui de ma famille. Je traverse en battant des bras le pré en contrebas; la nuit m’engloutit.

Al'
rêveur