02 avril 2008

Le rêve du goulag

C’est le début du printemps, en Sibérie, dans les années 30. Il gèle encore le matin. Un cinéaste et sa femme ont été enfermés par les forces de progrès dans un camp de travail, sur ordre direct de Staline. Le camp est un grand bâtiment dont on restaure les murs de briques. Le cinéaste est grand, très maigre et affaibli, ses yeux trahissent une nostalgie abyssale. Une cigarette tordue dépasse de son écharpe. Sa femme est belle en dépit de ses yeux cernés, de magnifiques boucles blondes s’échappent de l’espace entre le col de son trench coat et son béret. Le couple erre dans la cave en compagnie d’autres prisonniers politiques. Ils attendent leur exécution. On appelle le cinéaste, pour qu’il monte. On lui laisse écrire une dernière lettre à sa femme, sur un pupitre d’écolier. Il la laisse blanche, se contente de signer. Un ouvrier lui demande de venir l’aider sur une plate-forme, en haut d’un mur. Il pousse un soupir, ce n’était que pour accomplir une corvée, finalement. Arrivé en haut, l’ouvrier le pousse. Au sol, un groupe se forme pour l’achever à coup de marteau. Une tristesse infinie s’abat sur l’ouvrier chargé de l’exécution. Il ne contrôle plus ses larmes. Le directeur du goulag est gêné, car l’opération devait rester discrète. Il envoie l’ouvrier à la cave.

Al'
rêveur