05 mai 2007

sylvain

crâne ouvert, son visage penché sur la blessure, perceuse à la main, la fille hurle, elle échappe, consciente, la tige fouille, cherche, la fille sur le balcon, nous sommes inanimés, là, les prochains, elle veut sauter, elle dit : je saute, regards en bas, elle hésite, elle pleure et bave
il ouvre la porte, nous entrons, c'est un repas, il nous invite, il nous fait entrer, la fille est à table, cheveux noirs et dos nu, nous savons, je sais, il ne faut pas boire, il va nous droguer, je cherche la perceuse des yeux, ne trouve pas, ma main sur ton dos, il faut partir, je dis, je murmure, il nous tend deux verres, liquide bleu, noyé, il y a des invités, autres, complices, la fille ne sait pas, ses yeux perdus dans un brouillard dont elle ne reviendra pas, ses cris sur le balcon en images subliminales dans mon esprit, laisse ce verre, on part, j'insiste, il nous raccompagne, il, lui
puis voiture, poursuite, la fille n'est pas morte, il l'a… emmenée?
rouge, la tige fouille, le cerveau en bouillie et le visage par-dessus les cris
je me réveille, tu dis : viens, tu essaies de m'enfermer dans tes bras mais je m'échappe, il faut que je quitte le lit : au matin, sylvain, ton père, est mort


laurent herrou
écrivain