21 février 2009

Le rêve de la sorcière espagnole

Trois sorcières se transforment en corneilles. Elles absorbent la lumière comme des morceaux de fuligine, comme si on avait déchiré le ciel. Elles survolent un paysage d’inondation, seuls dépassent les sommets des arbres et les toits des maisons. Je retrouve l’une des sorcières, brièvement, à Séville au XVIIème siècle. Puis de nos jours. C’est une femme qui affiche une cinquantaine d’années, vêtue d’une robe noire. Elle visite de nuit un cimetière en compagnie de son mari, un garagiste, et d’une troupe de jeunes gens goths. Elle parle l’égro, la langue secrète des sorcières, qui sert pour les rituels les plus obscurs. Sans transition, le rêve devient un film de série B tourné dans les années 70 en Castille. Un garage concurrent a lancé un défi au garagiste : remporter une course illégale de voitures gonflées. La sorcière se prélasse sur une chaise longue, protégée du soleil implacable par l’auvent de la station service. Son mari bricole une Mustang, tandis que le pilote, un beau gosse moustachu, passe le temps en buvant des bières en compagnie de bimbos. Le film se termine le grand soir, de manière très décevante, juste avant que la course ne débute.

Al'
rêveur