Le rêve des chiens transgéniques
Une crise économique mondiale dégénère, c’est le chaos, la famine. Les militaires prennent le pouvoir dans l’indifférence générale. Je travaille pour une boîte de production audiovisuelle. Je me rends à Londres pour la promotion de son dernier dessin animé ; le dernier dessin animé tout court, d’ailleurs. Les rares spectateurs le savent, ils accueillent avec une émotion intense la métaphore de deux enfants se tuant en faisant de la luge par un hiver implacable. Je rentre en France. Au journal de 20h le présentateur annonce qu’en Syrie il ne restait plus que 30 000 habitants avant qu’une énième révolution n’en réduise encore le nombre. Il poursuit sur les conflits qui se multiplient. Les gens se massacrent pour la nourriture. Un boucher tue tous ses clients, les découpe, les mange, avant de couper en rondelles son avant-bras gauche. En Norvège, la pêche d’un thon suscite une fête populaire qui dégénère : celui chargé de le découper, qui s’était greffé une lame à l’emplacement de sa main, devient fou et se précipite dans la foule en moulinant. Des enfants de six ans préfèrent mourir tout de suite au volant de karts, lors de duels sauvages. Il règne une grande désolation. Il ne reste plus que moi, et les résultats d’une expérience que j’ai logés dans une maison qui a échappé aux destructions. L’humanité s’est éteinte, mais il en survivra un peu dans les gènes de chiens qui montrent déjà les signes de leur hybridation.
Al'
rêveur
0 Comments:
Enregistrer un commentaire
<< Home